** Atelier Ecologie profonde

De Thierry Hoyois
Camp d'été à Maredsous 2012

Il n’est pas nécessaire, pour démarrer un atelier sur l’écologie, de s’occuper de statistiques, de ressasser pendant des heures les informations dont les médias nous inondent, souvent sans offrir de réelle solution. Nous avons tenté d’aller au-delà du moteur habituel de la démarche écologique, l’éthique, en explorant plutôt notre perception de dukkha, et avons envisagé de prendre la vacuité, mais aussi la sagesse et la compassion comme source à l’action écologique.

Le titre de cet atelier, « écologie profonde », n’est pas vraiment approprié, mais c’est sans doute le moins mauvais choix, l’écologie profonde comporte en effet des rituels, qui sont pour la plupart inutiles dans le cadre du camp d’été zen. Notre atelier a surtout été un lieu d’échange et de partage.

Lorsque nous nous sommes présentés le premier jour les uns aux autres, nous avons tour de suite fait part de notre ressenti par rapport à la situation de notre environnement :

  • Nous nous sentons faibles face aux propositions de la société de consommation, qui nous propose plus beau, plus efficace, toujours mieux, parfois au détriment d’un « plus respectueux de l’environnement » ;
  • Nous sommes pourtant poussés à agir, surtout par un sentiment de responsabilité vis-à-vis de nos enfants ;
  • Nous nous sentons enragés, impuissants, mais comment en sommes nous arrivés là, et si vite ?
  • Nous comprenons que la croissance à tout prix est ridicule, ce n’est que l’expression de l’avidité et de l’ignorance ;
  • Nous voulons plus de partage, de solidarité ;
  • Faisons de notre mieux, sans culpabilité, car il y aura toujours plus à faire que nous n’en sommes capables,…

Mais surtout, le partage s’est orienté de lui-même sur ce constat : ce n’est que par un retour au silence, pour mieux écouter sa nature profonde que la société trouvera des solutions. Il faut mettre en place des actions écologiques tout en privilégiant des moments qui permettent un demi-tour sur soi-même, mieux s’observer, comme en zazen.

Nous avons ensuite exploré notre ressenti de l’interdépendance entre les êtres qui peuplent un milieu, par un petit jeu. Nous avons choisi le bois qui nous entourait, et avons choisi d’incarner un des êtres de la nature dans laquelle nous étions : arbres, fleurs, animaux, insectes ,fourmis, abeilles, terre, homme, champignon,… Chaque intervenant déclarait sa co-dépendance avec un autre être, et tirait une pelote de fil jusqu’à cette autre personne. A la fin du jeu, notre pelote était devenue une grande toile d’araignée entre nous, solide, aux nombreuses relations d’interdépendance.
L’idée est bien sûr de montrer la cohésion et la force d’un système par le jeu d’interdépendance entre les participants, mais aussi la fragilité de ce système si l’un ou l’autre participant abandonne son point d’encrage de la toile. Il en est ainsi quand une espèce disparait dans la nature.

Ensuite, nous avons exploré l’apathie que nous ressentons parfois face à la situation de notre environnement : nous sommes comme la grenouille dans l’eau que l’on chauffe progressivement ; alors bougeons avant d’être cuits et dans l’incapacité de sauter hors de la casserole. Ne nous laissons pas enfermer impuissants par la peur et l’ignorance.
Nous nous laissons enfermer par la peur et par l’ignorance, surtout par la fausse-croyance que nous sommes des êtres séparés.
Comment se libérer et agir ? D’abord voir, ressentir. Puis se relier, en empathie avec cette inévitable inertie. Puis transformer la peur en énergie créatrice, porté par la conscience de notre interdépendance avec tous les êtres. A partir de là, nous avons fait la liste des actions possibles. La liste est longue, sera publiée ailleurs, plus tard, mais tentez de dresser votre liste, d’actions individuelles, collectives, utopistes, réalisables maintenant, tout de suite. En ce qui concerne les participants du groupe, ils étaient tous persuadés qu’il est possible de bouger, sans attendre.

Dès le jour de repos, tant Roland que des participants du camp d’été nous demandaient quelles actions nous comptions mettre en place.
Voici ce que nous proposons :

  1. Utilisons le forum, les réseaux sociaux, qu’ils deviennent un espace de dialogue et de partage d’informations sur les initiatives, les actions, les solutions écologiques ;
  2. Créons une rubrique sur le site web de l’ABZE, pour rassembler de nouveaux articles, afin de rappeler la place de notre pratique en tant que source de l’engagement écologique ;
  3. Enfin, pour nous rendre compte des actions prises dans la sangha, nous proposons de créer une banque de données dans laquelle vous pourrez venir vous enregistrer, signaler les initiatives que vous mettez en place, que ce soit une action modeste ou un grand projet avec votre dojo. Ceci permettra de créer une carte géographique de l’Europe (Google Map) qui reprendra à l’endroit où vous habitez, la liste des projets, des engagements que vous prenez (passer à l’électricité verte, cultiver un potager, un balcon, recycler ses déchets, etc…), et donc de motiver d’autres personnes à rejoindre le mouvement, à s’en inspirer.

 

 

Mots-clés: Thierry Horyu Hoyois

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